Les filtres gradués pour des photos de paysages incroyables

• Sebastien Rampon


• 4 Jan 2019

Posez-vous cette question très simple : « comment est-ce que je me suis lancé dans l’aventure de la photographie ? » En fonction de votre âge, cette aventure a débuté avec la « pellicule » d’un appareil compact ou en prenant une photo avec un téléphone portable. Le premier objet était un outil qui nous aidait à refléter le temps, tandis que la technologie actuelle nous permet d’enregistrer le moment. Aujourd’hui, on va s’intéresser à l’utilisation des filtres gradués pour des photos de paysages.

L’envie d’immortaliser le moment est bien souvent guidée par l’incertitude de nos souvenirs ou par le besoin de partager nos émotions avec les autres. Autrement, on peut aller un peu plus loin et ne pas seulement capturer le moment mais aussi en rendre compte de manière plus séduisante : autrement dit, on va laisser de côté la documentation sur la situation pour privilégier une expression artistique de ce que l’on voit.

Comment utiliser des filtres gradués pour des photos de paysages incroyables ?

S’exprimer à l’aide d’un appareil photo, c’est extrêmement intéressant car chacun d’entre nous a son propre sens de l’esthétique qui permet de trouver son propre chemin dans l’univers de la photo. Mais avant de définir un style qui distingue son travail d’autres photographes, il faudra passer un temps considérable et découvrir de nombreux lieux et de nombreuses personnes qu’il faudra connaître.

Photo : stein egil liland – Pexels

C’est Henri Cartier-Bresson, pionnier de la photographie urbaine, qui a sans doute résumé le mieux la question :

« Vos 10000 premières photos sont vos pires photos »

Bien entendu, il ne s’agit pas là de passer en mode grande vitesse avec son appareil photo pour obtenir ces photos le plus vite possible. On doit garder à l’esprit que la photographie analogique régnait en maître lorsque Cartier-Bresson a exprimé ces mots, si bien que chaque photo avait une signification et une valeur réelles. Mais cette phrase pourrait servir à tout moment au photographe, comme mode d’apprentissage de la photo. Il s’agit de découvrir différentes disciplines de cet art et de tâtonner, jusqu’à choisir en connaissance de cause sa spécialité photo.

Si vous débutez, vous pouvez commencer par la photographie de paysage. Du fait de sa nature, cette discipline photo permet d’apprendre en profondeur et de progresser car le photographe doit se concentrer sur tous les paramètres de la photographie : la sensibilité ISO, l’ouverture de diaphragme. la distance focale et la vitesse d’obturation.

Sensibilité ISO

Pour profiter d’une plage dynamique complète et d’un faible niveau de bruit sur ses photos, on doit doit toujours pouvoir compter sur cet ami indispensable qu’est le trépied. Un trépied qui soit stable, durable et le plus léger possible. Les équipements dont on dispose aujourd’hui permettent de remplir ces objectifs, des trépieds en fibre de carbone comme le modèle Genesis Base C3.

Grâce au trépied, on pourra travailler sur des valeurs ISO plus faibles. Des valeurs qui varieront entre 50 et 200, en fonction du modèle d’appareil photo utilisé. Si vous voulez savoir ce qu’est la sensibilité ISO et à quoi elle sert, ne ratez pas cet article.

Ouverture de diaphragme

L’ouverture de diaphragme est tout aussi importante puisqu’elle exerce une influence directe sur ce qui se passe dans la scène. Elle décide en effet de ce qui reste net et de ce qui reste flou, à l’inverse, sous la forme d’un joli bokeh, par exemple. Il est également préférable de bien connaître l’ouverture optimale de l’objectif, autrement dit de savoir quelles valeurs F utiliser pour des images plus nettes (des ouvertures de diaphragme situées entre f/5.6 et f/8, en général, même s’il y a des exceptions en fonction du modèle de l’objectif).

Mais le recours à ces paramètres d’ouverture limite la capacité à modifier ce paramètre en particulier et donc à travailler à différents moments.

Si vous voulez en savoir plus sur l’ouverture de diaphragme de vos objectifs, jetez un oeil à ce post explicatif. N’oubliez pas qu’il s’agit là d’un aspect essentiel en photo, pour obtenir des travaux nets.

Distance focale

Pour ce qui est de la distance focale, il n’y a aucune ambiguïté. En photographie de paysage, on a toujours choisi d’utiliser des distances focales extrêmes pour réussir des clichés marquants, autrement dit en utilisant un grand angle ou un téléobjectif.

Photo : Irix

La distance focale d’un objectif (ou plutôt l’angle de vision qu’il génère) détermine directement la perspective qu’il faudra employer : avec des objectifs grand angle, la perspective s’étirera et l’objet au premier plan paraîtra sensiblement plus grand et plus proche.

Photo : Deactived Account – Pexels

Les téléobjectifs se caractérisent par leur compréhension de la perspective où la photo paraît plus plate (et il n’y a aucun mal à cela), et où les objets sur d’autres plans semblent plus proches.

Il n’y a donc pas de réponse universelle à ce qui doit être « le mieux ». Notre choix sera déterminé par nos travaux et les effets recherchés pour chacun d’entre eux.

Photo : Frans van Heerden – Pexels

Vitesse d’obturation

Mais il nous reste un paramètre : le temps.

Le temps est linéaire pour nous. Il file et on ne peut rien y faire. Mais pour notre appareil photo, le temps est subjectif. On peut le réduire en figeant le mouvement ou bien, à l’inverse, le prolonger et étirer ainsi tous les objets de la scène en mouvement. Pour ce faire, l’utilisation de filtres gradués pour des photos de paysages, est essentielle.

Photo : Ali Düzdemir – Pexels

Dans cet article, on va traiter de l’effet soyeux sur l’eau qui se produit en recourant à des durées d’exposition plus longues que d’ordinaire et pourquoi il est essentiel d’utiliser des filtres à densité neutre pour réussir cet effet.

On arrive alors inévitablement au coeur du sujet : la possibilité d’une utilisation créative des filtres gradués pour des photos de paysages incroyables.

Types de filtres gradués pour les photos de paysages

On va commencer par le filtre à densité neutre. Un filtre à densité neutre de bonne qualité est conçu en verre optique, avec un revêtement spécial qui sert à réduire la quantité de lumière transmise à travers sa surface, mais sans affecter la couleur de la photo.

Comme leur nom l’indique, les filtres circulaires sont ronds et leur assemblage se fait en vissant sur l’objectif la bague qui se trouve sur les bords du filtre. L’avantage, c’est qu’on peut les installer rapidement, sur une position qui restera bien ferme et verrouillée.

Les filtres carrés (à densité complète) ou rectangulaires (à densité moyenne) ont besoin d’un accessoire suplémentaire pour être montés sur l’objectif : le porte-filtres.

Photo : Irix

Il existe une règle très simple sur les filtres : il n’y a pas mieux pour corriger de grosses différences d’exposition d’une scène donnée, entre les parties claires et foncées, afin que l’histogramme montré ne touche aucun des bords (ce qui évitera la surexpositon ou sous-exposition de l’image).

Les filtres à densité neutre produisent un effet caractéristique, autrement dit ils estompent le mouvement tout en limitant la quantité de lumière qui atteint le capteur de l’appareil photo. Mais on peut tout aussi bien les utiliser pour des portraits, les jours ensoleillés, et lorsqu’on veut profiter d’une ouverture de diaphragme maximale (f/1.8, par exemple) mais que notre appareil ne nous donne pas de vitesse d’obturation aussi rapide.

On va essayer de se familiariser par la suite avec les caractéristiques des filtres à densité neutre, en spécifiant leur type et leur application selon la scène à photographier, en s’appuyant sur l’exemple des filtres Irix Edge.

Photo : Irix

Filtres Gradués Irix Edge 100×150 mm pour les photos de paysages

Sur les scènes où il y a une différence très appréciable entre les zones claires et les zones foncées, il se peut qu’on ait des difficultés à capturer simultanément l’information sur les parties claires et sombres de l’image, du fait des limites techniques des capteurs de l’appareil photo (ou de matériaux photosensibles).

Aujourd’hui, les appareils numériques professionnels au format d’image complet (35 mm) vous permettent d’immortaliser une scène où il y a une différence sur l’intensité de la lumière, de l’ordre de 15 EV (pour ISO 100) mais parfois, cela n’est pas suffiisant. On doit alors trouver d’autres moyens de recueillir davantage d’informations sur la lumière et l’ombre, autres que celles offertes par le simple appareil photo.

Photo : Irix

Les problèmes liés à la captation d’une scène techniquement difficile, peuvent s’avérer particulièrement délicats pour toux ceux qui possèdent des équipements photo anciens, qui ne disposent pas de capteurs avancés pour faire face aux conditions défavorables d’une scène. Le recours à des filtres carrés est une manière simple de donner une seconde vie aux anciens appareils (numériques comme analogiques). Bien qu’anciens, ils jouissent encore d’une grande réputation.

Que ce soit pour les services qu’ils rendent, pour les couleurs générées par l’appareil photo ou bien pour la valeur sentimentale que représentent ces équipements qui nous ont accompagnés tout ce temps, on connaît et on comprend parfaitement ces éléments de l’équipement.

Filtre Irix Edge Soft

C’est un filtre où le dégradé s’étend : il y a une grande transition entre la transparence totale et la densité maximale (soit environ un tiers de la longueur du filtre). Grâce à cette caractéristique, on peut obtenir une tonalité naturelle de l’image en photographiant des scènes aux horizons irréguliers, comme des zones floues et des régions montagneuses mais aussi des scènes urbaines.

Il faut couvrir la zone du ciel (la partie naturellement la plus brillante) par la partie foncée et dense du filtre puisque c’est cette partie-là qui fonce la zone de l’image en question, tandis que la graduation couvre la ligne d’horizon.

Filtre Irix Edge Hard

C’est un filtre dont la transition entre la transparence totale et la zone obscurcie est étroite. Ce type de filtre fonctionne bien sur les scènes où l’horizon est plat et régulier, sur la mer ou une plaine, par exemple. Dans cette situation, la partie supérieure de l’image (le ciel) est absolument plus brillante que le reste du cadre et cette partie-là doit être couverte par un filtre.

Filtre Irix Edge Reverse

C’est un type de filtre relativement nouveau qui combine les caractéristiques d’un filtre Hard et Soft à la fois. Découvrez son champ d’application dans la photographie de coucher et de lever de soleil. On a sans doute tous un jour ou l’autre fait tout son possible pour capturer une magnifique vue du soleil qui émergeait de l’horizon.

Avec son design, ce filtre permet d’éviter l’écueil du contrejour. Il est semi-transparent, il modifie sa densité neutre en réduisant graduellement la densité. Une telle élaboration garantit de couvrir l’étroit spectre du cadre situé dans la ligne d’horizon.

Filtre Irix Edge Full ND 100×100

C’est un filtre à la densité complète : toute la surface est responsable de la réduction de la lumière.

Ce filtre est tout spécialement utile lorsqu’on souhaite prolonger la durée d’exposition mais pas par le biais d’autres paramètres d’exposition disponibles sur l’appareil. Mais bien, on l’a vu, lorsqu’on veut utiliser des optiques lumineuses un jour ensoleillé alors que l »appareil photo ne nous permet pas d’exposition plus brève (une vitesse d’obturation plus faible).

Photo : Tomáš Malík – Pexels

On veut, par exemple, prendre une photo avec l’effet soyeux de l’eau (un mouvement flou). On sait que l’appareil photo présente un ISO 100 minimum (pas programmé) et que l’objectif affiche la plus grande netteté lorsqu’on configure f/4.0 -f/8.0. Les configurations optimales incluront ISO 100, une ouverture de f/8.0 et une durée qui dépendra de l’ensoleillement (le rayonnement solaire). En journée, la vitesse d’obturation sera généralement d’1/50 à 1/1000. C’est une durée vraiment trop courte pour figer le moindre mouvement. On peut alors choisir un filtre conforme à nos critères (avec la densité souhaitée).

Filtres gradués pour des photos de paysages : densités de filtres

Ces filtres présentent différentes densités et ce sont bien souvent des densités qui vont de ND4 (densité 0.6/2 EV) à ND32 (1.5/5 EV). La situation est différente pour les filtres ND complets. Ici, la plage de densité des filtres atteint des valeurs extrêmes, de ND4 à ND1000 (densité 3.0/10 EV) et au-delà. Si bien que les photographes peuvent faire leurs propres choix, en fonction de leurs besoins (et des limites de leur propre équipement), ainsi que des circonstances de la scène photo.

Le grand nombre de filtres et de densités peut s’avérer gênant au départ mais par la suite, on saura bien quels filtres constituent la meilleure réponse pour chaque projet.

Toutes les photos de cet article ont été réalisées avec les filtres à bords Irix.

Texte original : Piotr Tomala

Photo principale : stein egil liland – Pexels