Comment déchiffrer un objectif : tous ses secrets

La plupart des photographes aguerris travaillent avec des appareils photo à objectifs interchangeables. Par conséquent, si on fait partie de ceux-ci et que l’on souhaite progresser, un jour viendra où l’on aura envie d’agrandir notre collection d’optique. C’est ce jour-là qu’on se rendra compte que comprendre ou déchiffrer un objectif s’avère plus compliqué que prévu. Que signifient ces sigles, ces nombres et autres écritures gravées sur le corps de l’objectif ? Difficile de répondre lorsqu’il nous manque ce lexique si particulier et pourtant, d’une si grande importance.

Dans ce post, nous essayerons de comprendre les inscriptions gravées sur les objectifs, à l’instar des hiéroglyphes de l’Egypte ancienne, pour connaître ces informations utiles à tout photographe chevronné.

Comment déchiffrer un objectif : on vous délivre tous les secrets

Déchiffrer un objectif : le problème

La photographie, comme toutes les disciplines, possède son propre langage et mots techniques qu’on utilise sans même se rendre compte que la plupart des personnes n’ont pas la moindre idée de ce que l’on parle : ouverture du diaphragme, sensibilité ISO, profondeur de champ, aberration chromatique ou RAW… Cependant, les objectifs possèdent certains concepts ou sigles qui, même pour les photographes avancés, sont peu clairs. Nous pouvons trouver des intitulés comme  “Canon EF 24-70 mm f/2.8L II USM”, “Sigma 150 mm F2.8 EX DG OS HSM APO Macro” ou “Nikon AF-S DX NIKKOR 55-300mm f/4.5-5.6G ED VR”. Pour déchiffrer ces messages cryptés, il faudrait presque une Pierre de Rosette !

Au fur et à mesure que nous progressons en photo, on commence à assimiler certaines notions de base (luminosité, diamètre des bagues, etc.) mais souvent, certains sigles et nombres apparaissent au milieu de nulle part. C’est alors que déchiffrer un objectif se transforme en véritable casse-tête. Aucun standard n’existe et chaque fabricant a défini ces propres sigles. C’est pour cette raison qu’on trouve une quantité d’abréviations, ce qui complique d’autant plus la tache. Les photographes, pour ne pas être perdus avec tant d’informations, préfèrent se familiariser avec la marque de leur appareil photo ou avec les autres marques qu’ils possèdent.

Dans ce post, on va définir les concepts basiques qui définissent un objectif et qui sont communs aux différentes marques. On listera également d’autres aspects plus spécifiques et importants, pouvant varier selon le fabricant. Tout simplement, on apprendra à déchiffrer un objectif. De cette façon, on essayera donc de vous donner les clés pour choisir l’objectif qui vous convient ou du moins que vous arriviez à comprendre les informations données par le fabricant.

 

Information basique : que signifie le 24-85 mm ?

On va analyser l’image suivante pour comprendre l’information inscrite par le fabricant de l’objectif, appelé “AF-S Nikkor 24-85mm 1:3.5-4.5 G VR ED”.

Tous les objectifs ont la distance focale gravée sur leur corps. S’il s’agit d’une focale avec zoom, les valeurs des extrêmes sont inscrites, comme c’est ici le cas. Dans cet exemple, l’objectif englobe les distances focales du 24 mm (grand angle) au 85 mm (téléobjectif moyen). Evidemment, pour connaître la distance focale effective, on devra prendre en compte la taille du capteur de l’appareil photo. Par exemple, si le capteur est un APS-C, il faudra multiplier la distance focale par 1,6. Si l’objectif est une focale fixe, seule l’unique focale apparaîtra. Si vous souhaitez avoir plus d’informations sur la distance focale d’un objectif, vous pouvez lire notre article ici.

Et que signifie le 1:3.5 – 4.5 ?

Ces valeurs font référence à l’ouverture maximale du diaphragme. Si l’ouverture est la même pour tout le zoom, seule une valeur apparaîtra sur le corps de l’objectif. Ce cas-là est très intéressant car il permet de travailler avec une ouverture maximale sans être obligé de vérifier tout le temps si la longueur focale change.

Dans le cas de beaucoup d’objectifs, lorsqu’on augmente la distance focale, l’ouverture se réduit. L’objectif prend alors la valeur d’ouverture maximale pour la focale la plus courte et  la minimale pour la plus longue. Sur l’image de l’exemple, ces valeurs respectives sont de f/3.5 pour 24 mm et f/4.5 pour 85 mm. Vous trouverez le « 1: » devant l’ouverture, car celle-ci est toujours exprimée en ratio pour la longueur focale de l’objectif. Pour plus d’informations sur les ouvertures, lisez notre post.

En avant pour les nombres 70 – 50 – 35 – 24 …

Voici l’un des points les plus importants pour déchiffrer un objectif. Dans le cas des objectifs à la longueur focale variable (zoom), au niveau de la bague du zoom, on a l’habitude de trouver l’échelle de la longueur focale, de cette manière nous pouvons savoir à tout moment à quelle distance focale nous photographions.

Et ce nombre de 72 mm ?

Ce nombre est facile à comprendre et important : il se rapporte au diamètre de l’objectif. Il est généralement gravé près de la bague extérieure de l’objectif (UV, polarisant, ND…). Il est nécessaire de le connaître si l’on veut acheter un filtre pour un objectif (UV, polarisant, ND…) ou d’autres accessoires. Vous voyez, il y a beaucoup de nombres dont nous avons besoin !

Au moment de déchiffrer un objectif, il vaut mieux ne pas confondre le diamètre de l’objectif avec la distance focale de celui-ci, puisque ce sont deux choses bien différentes. La bonne valeur à prendre en compte est celle qui apparaît avec le symbole du diamètre Ø. 

 

Et cette échelle avec plusieurs nombres, est-ce la distance focale ?

Au moment de déchiffrer un objectif, il faut prendre en compte que nombre d’entre eux présentent une échelle avec des distances en mètres (m) et en pieds (ft), qui va de la plus petite valeur jusqu’à l’infini. Actuellement, la plupart des objectifs incluent une fenêtre avec cette échelle et des tirets pour marquer la distance, comme dans l’exemple ci-dessus (Nikkor 24-85 mm). En faisant la mise au point sur n’importe quel objet, l’échelle se déplace et indique à quelle distance on est en train de faire la mise au point. A elle seule, cette valeur est très utile pour utiliser un objectif.

Beaucoup d’objectifs anciens comportent en plus une échelle comme celle de l’image ci-dessus où la distance de mise au point est en relation avec la zone de mise au point. C’est-à-dire que si nous faisons la mise au point à un point déterminé et à une certaine ouverture, on saura grâce à cette échelle la distance avant et arrière à laquelle la photographie sera nette. Une information utile qui vous aidera à contrôler la profondeur de champ et prédire le résultat de l’image.

Par exemple, sur la photo ci-dessus, à une ouverture de f/11, selon l’échelle, nous remarquons que tout sera net sur l’image entre une distance de 1 à 2 mètres environ. A f/22, la profondeur de champ augmente et tous les éléments entre 0.8 mètres et à l’infini seront nets. Comme nous l’avons dit, cette information est malheureusement inscrite sur peu d’objectifs modernes.

Ici, pour trouver l’hyperfocale (zone maximale de mise au point), il n’y a qu’un pas et l’évolution est logique. Vous pourrez en savoir plus sur l’hyperfocale et comment la calculer dans cet article. Si vous avez un objectif Irix et que vous souhaitez savoir ce que les marques du corps signifient et comment calculer l’hyperfocale, ne manquez pas cet article.

L’information décrite jusqu’à présente pour déchiffrer un objectif est essentiel. Ce sont des données standards à tous les objectifs, indépendamment du fabricant. Mais on n’en a pas fini car les objectifs comportent encore plus de données sur leurs caractéristiques. Beaucoup d’entre elles sont communes, mais elles ont été nommées différemment par chaque fabricant. Ci-dessous, vous trouverez d’autres informations intéressantes à prendre en compte au moment d’apprécier un objectif. Sur le tableau ci-dessous sont indiquées les différentes appelations des attributs des objectifs afin que vous puissiez recourrir à ce résumé lorsque vous en avez besoin.

 

Déchiffrer un objectif : Full Frame / Crop Frame

Beaucoup d’entre vous savent que les appareils photo possèdent différentes tailles de capteur. Sans parler du format moyen, dans le monde des compacts, reflex et mirrorless, les capteurs les plus grands sont équivalents à une pellicule analogique de 35 mm (Full Frame) et à partir de là, le format diminue : APS-C, 4/3, micro 4/3… Nombreux fabricants ont dessiné des objectifs spécifiques pour chaque type de capteur, ce qui compliquent encore plus la tache. Sachez néanmoins que vous pourrez utiliser (directement ou avec des adaptateurs) un objectif dessiné pour un plus grand capteur sur un appareil photo avec un capteur plus petit, seulement pour augmenter la distance focale.

 

En contre-partie, si vous essayez d’utiliser un objectif avec un capteur plus petit sur un appareil photo avec un capteur plus grand, bien qu’ils peuvent être connectés, vous aurez probablement de gros problèmes de vignettage. C’est pourquoi comprendre les sigles qui sont indiqués pour connaître la taille du capteur de l’objectif est une donnée clé pour déchiffrer un objectif  au moment de l’acheter. Vous éviterez ainsi de grosses frayeurs lorsque vous serez en train de l’utiliser.

Stabilisateur d’images

Cette technologie est de plus en plus présente dans de nombreux objectifs. Sans traiter le sujet en profondeur, le stabilisateur d’images permet de réduire les petits mouvements réalisés lorsqu’on photographie à main levée, notamment si la vitesse de l’obturateur est assez lente, donnant comme résultat des photos « floues ». Un objectif avec stabilisateur d’images permet d’absorber ces mouvements et de déclencher avec 3 ou 4 stops de lumière en moins. C’est-à-dire qu’on peut réaliser des photographies nettes avec des temps d’exposition plus longs.

Il est intéressant de préciser que cette stabilisation peut être intégrée dans l’objectif ou dans le boîtier de l’appareil photo. C’est pour cette raison, que dans le second cas, les fabricants n’intègrent pas cette technologie dans la plupart de leurs objectifs (Sony, Olympus, Pentax…).

Correction des aberrations chromatiques et amélioration de la netteté

L’aberration chromatique est la dispersion dont souffre la lumière lorsqu’elle passe à travers l’objectif selon la longueur d’onde. Bien au-delà des détails techniques, cela se traduit par de petits halos, généralement violets ou bleus, situés au bord des objets photographiés.

Pour corriger cette dispersion, certains objectifs modernes ont changé les méthodes de fabrication et de géométrie des verres (lentilles asphériques) offrant comme résultat des objectifs avec moins d’éléments (plus légers et compacts) et donc avec moins de dispersion.

 

D’autres objectifs comprennent certains revêtements au niveau des verres et des matériaux avec de grands avantages réussissant ainsi à apporter différentes longueurs d’ondes (lentilles apochromatiques). Cette technologie est plus spécifique et efficace pour réduire les aberrations chromatiques.

Enfin, il existe des lentilles fabriquées avec des matériaux à faible indice de réfraction permettant d’éviter que se répartisse la lumière (verres à faible dispersion).

Ainsi, en réduisant cette dispersion, on obtient des images plus définies et nettes.

Ces technologies évoluent continuellement et, de fait, certains fabricants présentent plus d’une solution différente, avec des sigles différents ou non. Il est souvent difficile de connaître quel type de mécanisme l’objectif utilise pour minimiser l’aberration seulement avec son nom, puisque les descriptions sont généralistes et cryptées. Dans le tableau ci-dessous, on a essayé de diviser les sigles en fonction du mécanisme, bien que certains d’entre eux restent ambigus.

Revêtement des lentilles

Il est de plus en plus fréquent de recouvrir les verres des objectifs avec des matériaux qui améliorent les propriétés : ils sont résistants, évitent les reflets, halos et améliorent l’image. C’est pour cette raison que tous les objectifs actuels sont recouverts de différentes matériaux. A l’instar des moteurs qui ont évolué, il existe différents sigles pour chaque fabricant qui reflètent les avancées technologiques.

Au jour d’aujourd’hui, ceux qui offrent de plus grandes garanties sont ceux disposant de moteurs de mise au point ultrasoniques, hypersoniques ou à variations semblables (le nom change selon le fabricant).

Moteur de mise au point

Il s’agit d’un mécanisme qui fait bouger les verres lorsqu’on utilise la mise au point automatique. C’est un domaine dans lequel la technologie a beaucoup évolué, gagnant à la fois en précision, en silence, en rapidité et en résistance. Ce système est beaucoup plus fiable qu’il y a quelques années. De toute façon, comme les moteurs ont évolué, il existe différents sigles pour chaque fabricant qui reflètent les avancées technologiques.

 

 

Gamme « PRO »

Beaucoup de fabricants distinguent leurs objectifs les plus professionnels avec des signes distinctifs. D’un côté, car ils s’identifient plus rapidement et de l’autre, pour des raisons ouvertement commerciales. Quoiqu’il en soit, la plupart des utilisateurs de la marque Canon savent que, s’ils voient un objectif avec un cercle rouge, il s’agit d’un objectif de la série L, la gamme la plus avancée de l’entreprise nippone. Canon différencie certains de ses téléobjectifs les plus « PRO » par leur couleur. D’ailleurs, nombreux d’entre eux sont d’un blanc cassé, assez voyant. Selon le motif officiel, cette couleur a été choisie pour absorber moins de radiation solaire et éviter que l’objectif chauffe lors des séances en plein air.

Autofocus interne

C’est une technologie qui permet de faire la mise au point avec un léger mouvement à l’intérieur de l’objectif, évitant ainsi que le verre externe se déplace. Elle s’avère relativement utile lorsqu’on travaille notamment avec des filtres polarisants. Certains garantissent même que le centre de gravité ne se décalera pas en faisant la mise au point.

Pour résumer, nous avons intégré un tableau assez exhaustif qui rassemble les sigles couramment gravés sur les objectifs des principaux fabricants du marché.

Et pour ceux qui nous ont suivis jusqu’ici, voici un petit cadeau : le tableau résumé en PDF. Il vous permettra de consulter chaque fois que vous aurez un doute. Il vous suffit de cliquer sur le lien ci-dessous :

Télécharger le tableau des acronymes des objectifs

 

Quelques mots avant de se dire au revoir

Comme nous avons pu le voir, les fabricants ne nous rendent pas la vie facile pour comprendre les sigles et les caractéristiques apparaissant sur les objectifs. Le mieux est de se familiariser avec les fabricants de votre équipement. Pour apprendre à déchiffrer un objectif, il vous faut tout d’abord assimiler les concepts de base (distance focale, ouvertures maximales, diamètre), et similaires chez tous les fabricants. A partir de là, gardez ce post dans vos favoris et ainsi, au moindre doute, vous pourrez le consulter ainsi que le tableau précédent.

Il reste sans doute d’autres sigles de fabricants à ajouter, mais comme début, c’est déjà pas mal. Vous pouvez également faire des suggestions pour améliorer le tableau avec vos connaissances. Êtes-vous motivé ?

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