La plage dynamique en photo : la comprendre et la maîtriser

• Sebastien Rampon


• 7 Juin 2019

L’un des plus grandes frustations des photographes (du moins quand ils commencent à travailler avec leur appareil photo), c’est le fait de ne pas pouvoir traduire à l’image toute la beauté d’un endroit, parfois. Alors la solution, c’est la plage dynamique, une notion qu’on va aborder aujourd’hui.

La plage dynamique en photographie : la comprendre et la maîtriser

Nos yeux perçoivent donc un paysage majestueux mais notre appareil photo ne lui rend pas justice. Comment peut-il y avoir une telle différence entre ce que voient mes yeux et et ce qui s’imprime après à l’image ?

Le meilleur outil : nos yeux

Même si les appareils photo lancent de nos jours des innovations révolutionnaires et nous donnent de merveilleuses prises, ils restent encore bien loin du « mécanisme » dont profitent nos yeux.

Photo : Quang Nguyen Vinh – Pexels

Jusqu’à ce jour, on n’a pa su inventer un appareil qui reflète la scène exactement comme le font nos yeux, d’où des photos qui ne sont bien souvent pas dignes du paysage immortalisé.

Tout cela est dû à la plage dynamique, le concept qu’on va approfondir aujourd’hui pour que vous puissiez l’appliquer dès aujourd’hui sur vos photos et franchir une étape en tant que photographe.

Qu’est-ce que la plage dynamique ?

En quoi consistent ces termes et pourquoi ne me laissent-ils pas prendre les photos que je voudrais ?

La plage dynamique fait référence à la capacité à inscrire des informations sur les zones d’ombres et de lumières d’une scène.

Sur les appareils photo, il s’agit de la quantité de tons clairs et foncés qui peut être représentée sur une même photo. Plus elle sera variée, plus la plage dynamique sera grande et donc, plus l’image sera fidèle à la réalité.

Photo : Johannes Plenio – Unsplash

Mais on l’a vu, ce processus est plus difficile à capturer avec un appareil photo qu’avec ses propres yeux.

Comprendre le concept

Imaginez que vous photographiez un lever ou un coucher de soleil. Il y a clairement une zone de la scène qui a plus de lumière qu’une autre. En l’occurrence, ce sera le ciel là où toute la lumière sera présente, tandis que le sol restera plus sombre.

Le résultat, sur l’appareil photo, sera probablement un ciel « brûlé » (surexposé), tandis que le sol restera totalement foncé (sous-exposé).

Cependant, pour nos yeux, le résultat sera complètement différent. Nous sommes en effet capables de visualiser chaque détail du ciel et du sol à la fois et c’est bien parce que nous avons une plus grande plage dynamique que nos appareils photo. C’est la raison pour laquelle nous pouvons traiter toute l’information située dans les zones d’ombre comme de lumière.

Photo : John Finn – Unsplash

D’un côté, on l’a vu, nos yeux sont bien plus performants que le meilleur appareil photo du marché. Ils peuvent traiter la scène dans les moindres détails, qu’ils soient situés dans les zones de clarté ou d’obscurité.

D’autre part, la scène est pleine de contrastes entre les ombres et les lumières et comme nous avons des yeux qui traitent la scène sans problème, on ne s’en rend pas compte mais la tâche s’avère plus complexe pour l’appareil photo.

Connaissez les stops de diaphragme de votre scène

On l’a vu, la plage dynamique est la capacité à imprimer l’information sur les zones d’ombre et de lumière d’une scène. Cette information située entre les lumières et les ombres se traduit en language photo par les stops de diaphragme.

Les stops de diaphragme aident à comprendre la différence de lumière et donc d’information entre la zone la plus sombre d’une scène et celle qui présente plus de lumière.

Photo : Jakub Gorajek

Ce que voient nos yeux et ce que capte l’appareil photo

Plus votre appareil aura de stops de diaphragme, plus vous pourrez imprimer d’informations à l’image lorsque vous travaillerez dans des lieux aux forts contrastes de lumière.

Si nos yeux disposent de l’équivalent de 15 stops, nos appareils photo tournent autour de 5 à 8 stops, d’où cette différence déjà évoquée entre ce que voient nos yeux et ce que peut refléter l’appareil photo, aussi performant soit-il.

Utilisez l’histogramme dans les lieux à fort contraste

Il faut donc absolument exploiter à fond les possibilités de son appareil photo, pour se rapprocher au maximum de ce que l’on est capable de percevoir. Mais comment ? En utilisant l’histogramme.

Photo : Jonathan Riley – Unsplash

Un outil très simple d’utilisation et qui permet d’exploiter au maximum tout le potentiel de votre appareil photo.

Trouver la bonne exposition

L’histogramme est un outil puissant de l’appareil photo, qui renseigne sur les tons existants sur la scène photographiée. À partir de là et en sachant comment le lire, on peut ainsi savoir si l’exposition retenue est la bonne ou s’il faudra modifier la valeur de la lumière captée par l’appareil pour surexposer ou sous-exposer la prise.

Vous le savez bien, on ne peut pas se fier à l’écran LCD de son appareil photo pour savoir si on a obtenu une bonne exposition.

Photo : Constantine Stamatis – Unsplash

Mais avec l’histogramme, vous pourrez d’emblée savoir si votre prise est sous-exposée ou surexposée, pour la corriger immédiatement si le résultat n’est pas conforme à vos attentes.

Mesurez correctement la lumière

Le fait que votre appareil photo dispose de moins de stops de diaphragme que vos yeux, cela ne veut pas dire qu’il ne pourra pas produire des résultats fidèles à la réalité.

Imaginez que vous travaillez sur une scène avec peu de contrastes de lumière. Si votre appareil dispose de 6 stops et en mesurant la lumière de la scène, on voit qu’il n’y a que 4 stops de différence entre les lumières et les ombres, votre appareil photo pourra refléter fidèlement la scène.

Photo : Quang Nguyen Vinh – Pexels

Aussi non seulement l’histogramme s’avérera un excellent outil pour profiter au maximum du potentiel de votre appareil mais il mesurera aussi la lumière de la scène de travail, pour des résultats étonnants.

On vous expliquait l’importance de mesurer la lumière en photographie et comment s’y prendre comme un professionnel.

Tenez compte du flashmètre pour améliorer la plage dynamique

Pour mesurer la lumière, votre appareil photo s’aide du flashmètre qui lui donne un bon résultat. Mais à la différence de nos yeux, le flashmètre prend une mesure des différentes luminosités de la scène, il ne les prend pas toutes en compte comme le feraient les yeux.

En se basant sur cette mesure, une exposition plutôt qu’une autre sera déterminée, en laissant de côté les ombres et les lumières qui apporteraient davantage d’informations à la composition.

Photo : Jeremy Bishop – Unsplash

D’où l’importance de bien prendre la mesure de la lumière, pour obtenir une exposition correcte en un instant. Si vous l’estimez nécessaire, vous pourrez augmenter la plage dynamique de votre photo en post-traitement, ce qui sera facile si votre scène est bien exposée et que vous allez travailler au format RAW.

Augmentez la plage dynamique à chaque fois que nécessaire

Même si vous n’êtes pas obligé d’augmenter la plage dynamique tout le temps car votre appareil peut donner des résultats impressionnants, il vaut mieux connaître quelques astuces qui vous aideront à augmenter cette valeur et donc aussi à traduire à l’image la réalité comme vous la voyez.

Calez l’histogramme

Mettons que vous travaillez à contre-jour et que vous ne disposez pas d’accessoires qui vous permettent d’obtenir une bonne exposition sur toute l’image. Comment vous y prendre pour obtenir une belle photo ?

Photo : Nardi Bayarri

Vous pouvez caler l’histogramme. Cette technique consiste à exposer les zones de l’image qui représentent des ombres car en post-production, ce sont les zones les plus complexes pour récupérer l’information perdue en route, tandis que les zones de l’image avec un excès de lumière, sont plus faciles à récupérer.

Aidez-vous d’un flash à griffe

Si vous vous trouvez dans la même situation, un paysage à contre-jour et que vous avez un flash à griffe, utilisez-le.

Servez-vous en comme flash de remplissage et obtenez ainsi une bonne exposition dans le premier plan de l’image, que ce soit une personne ou un objet, et dans le second plan de la composition aussi, pour la quantité de lumière qu’il y a tout autour…

Le flash aidera à réduire la différence de luminosité de la scène et à obtenir ainsi une bonne plage dynamique.

Utilisez des filtres gradués pour les paysages extérieurs

Les filtres gradués sont spécialement conçus pour résoudre ce problème. Une fois installé sur la lentille de votre objectif, le filtre pourra donner une bonne exposition sur la totalité de l’image.

La partie la plus foncée du filtre doit être placée sur la zone de l’image la plus lumineuse, le ciel, en général, tandis que la partie la plus claire du filtre devra être située sur la partie la plus sombre de la scène, qui correspond généralement au sol.

Photo : Alberto Bouzón

De cette manière, le filtre permet d’obtenir une bonne exposition et une gamme dynamique très large car les nuances ne seront pas perdues sur les zones les plus claires et foncées de l’image.

On a déjà évoqué l’importance de travailler avec des filtres gradués pour les photos de paysages.

Appliquez la technique HDR

Par ailleurs, une autre formule infaillible pour obtenir une bonne plage dynamique est le HDR ou haute gamme dynamique.

En effet, le HDR peut capturer dans une seule et même photo une plage de lumière plus étendue que la capteur de votre appareil peut admettre. On produira ainsi des images qui se rapprochent en grande partie des caractéristiques de notre vision, voire qui la dépasseront dans certains cas.

Photo : Alberto Bouzón

Mais comment appliquer cette technique ? En gros, vous devrez prendre plusieurs photos avec la même composition, le même cadre et la même mise au point, mais à différents niveaux d’exposition, puis les combiner en post-production.

Vous ne perdrez ainsi aucune information, ni des zones sombres ni des zones plus claires.

Si vous voulez réussir des photos HDR incroyables en noir et blanc, pour un bel effet créatif, ne ratez pas cet article.

Photo : Alberto Bouzón

Conclusion sur la plage dynamique

Ce n’est pas toujours facile de capturer avec son appareil la plage dynamique d’une scène telle que la perçoivent les yeux mais si l’on s’appuie sur des techniques et des accessoires photo qui aident à profiter de tout le potentiel de son appareil photo, on se rapprochera un peu plus des résultats qu’on cherche à produire.

Vous avez d’autres astuces pour imprimer la plage dynamique de vos photos à l’image ? Alors n »hésitez pas à nous en faire part sur les réseaux sociaux ou sur le blog 🙂

Photo principale : Quino Al – Unsplash