De la photo à la vidéo : la post-production et l’édition vidéo

On aborde maintenant l’une des parties les plus compliquées dans l’élaboration d’une vidéo : la post-production. Cette partie-là est bien plus technique. Et comme on l’a vu dans le deuxième volet, sur l’audio dans vos vidéos, elle se trouve de plus en plus éloignée de la photo. Mais rien n’est impossible, avec un peu d’organisation et de pratique.

Un nouveau film en post-production

Il y a un dicton dans le monde du cinéma, qui dit que les films sont totalement refaits à neuf en post-production. Et pour cause : lorsqu’on filme, de nombreux aspects en rapport avec l’espace, le climat, le jeu ou bien tout autre élément, sont tels que les réalisateurs coupent des scènes ou en inventent de nouvelles. Ce qui ouvre la possibilité de résultats parfois très différents de ce qu’on avait envisagé sur le papier, autrement dit dans le scénario.

Photo : Jakob Owens – Unsplash

C’est pour cette raison-là, et pour que vous soyez toujours bien préparé, que l’on vous laisse ici des éléments d’information utiles qui vous aideront à ordonner et à lancer votre processus de post-production.

Les fichiers conteneurs, les codecs et leur compatibilité

La première chose à prendre en compte, c’est l’ordre. En post-production, l‘organisation est une notion sur laquelle j’insisterai tout spécialement. En effet, il y a bien trop de fichiers dans une séquence (qu’elle soit de quelques secondes ou plus longue) pour tout laisser au hasard.

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En premier lieu, créez un dossier unique pour votre projet et à l’intérieur, aménagez des dossiers indépendants pour vos différents fichiers (audio, images et vidéo) pour faciliter la recherche d’un fichier en particulier. Pour ce qui est du nom des fichiers, on a pour habitude d’utiliser le système Année-Mois-Jour. Vos fichiers seront ainsi plus facilement ordonnés.

Quel codecs doit-con choisir ?

Une fois le matériel bien ordonné, passons aux codecs. Un codec pourrait être défini comme un fichier de compression, à ne pas confondre avec le conteneur (.mov, .avi, .mp4). Vous avez peut-être entendu parler des formats les plus connus, comme H.264, AVCHD o XAVC S, même s’il y en a d’autres. Et chacun d’entre eux s’adapte à chaque situation.

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La fonction principale de ce fichier compresseur, c’est la possibilité de choisir une méthode qui vous permette de conserver un maximum de qualité, pour un fichier final de taille minimale. En général, tous les codecs impliquent une perte de données lors de la compression, même si certains d’entre eux subissent une perte minimale, comme c’est le cas des fichiers ProRes 4444 ou DNxHR.

Des fichiers lourds

Ces fichiers, qui vous permettent donc de conserver le plus grand nombre de données possible, s’avèrent également très lourds. Ce type de fichier est utilisé pour créer un workflow entre différents logiciels, pour produire des effets ou bien pour corriger la couleur mais sans perdre en qualité.

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En principe, si vous venez de la photographie et que vous réalisez des vidéos, vous manipulerez des appareils aux spécifications techniques relativement faibles. En général de 8 ou 10 bits, à l’échantillonage de couleur de 4 : 2 : 0 ou bien de 4 : 2 : 2, alors ne vous en faites pas trop pour cela (à moins que vous ne les utilisiez pour ce qu’on a évoqué auparavant).

Choisissez le logiciel de post-production qui s’adapte à vos besoins

Une fois que tout est bien organisé, vient le moment de la post-production. D’abord, il vous faudra un software d’édition non linéaire (NLE). Si vous débutez dans cet univers, vous pouvez toujours trouver un logiciel gratuit et plus simple d’utilisation. Mais vous devrez tout de même vous assurer qu’il admet le format de fichier que vous utiliserez. Ces logiciels offrent généralement une large gamme de compatibilités pour les formats courants. Si vous rencontrez des problèmes à ce niveau-là, mieux vaut alors utiliser un logiciel d’édition professionnel.

On trouve ici un large éventail de logiciels, comme Premiere Pro CC, le plus connu de toute l’orbite de logiciels Adobe, parfait pour travailler avec d’autres programmes de la même famille (Photoshop, AfterEffect…).

Autres logiciels

Mais si vous ne voulez pas dépenser d’argent, vous pouvez également recourir à une version gratuite du software d’étalonnage DaVinci Resolve, avec quelques bémols cependant (l’exportation de fichiers est limitée à UHD 3840 X 2160, par exemple). Présent sur le marché depuis quelques années déjà et avec un développement toujours plus important de la partie de l’édition non linéaire. Parmi les autres options prisées des plus expérimentés, citons Avid Media Composer et Apple Final Cut Pro X.

Capture d’écran du logiciel Da Vinci Resolve

Ma recommandation -et je crois, celle de tous ceux qui se consacrent à la post-production- est de tester la plupart d’entre eux. Ou du moins tous ceux que vous pourrez tester (certains sont spécifiques à certains systèmes opérationnels) puisque chacun se sentira plus à l’aise avec l’un plutôt qu’avec un autre. Et l’essentiel, c’est de savoir contrôler l’un d’entre eux de manière à pouvoir réaliser un travail de plus en plus vite et avec la plus grande maîtrise.

Que faire si l’on veut convertir ses vidéos en post-production ?

Si vous voulez vraiment convertir vos vidéos pour qu’elles fonctionnent sur votre éditeur actuel, le mieux est encore de se fier au software du fabricant de votre appareil photo. Ou bien d’utiliser la version gratuite de conversion de DaVinci Resolve puisqu’elle est largement compatible et qu’elle fonctionne pour le format 4K.

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Les fonctions pour lesquelles vous voudrez transcodifier votre vidéo, seraient pour obtenir la qualité maximale tout en profitant d’un poids minimum. Parfait si vous souhaitez la publier sur les réseaux sociaux ou sur Internet, sans trop perdre en qualité. Les fichiers les plus souvent utilisés aujourd’hui, pour cet objectif-là, sont le H.264 ou el H.265 qui, même s’ils sont très comprimés, font du bon travail.

Des fichiers adaptés à des ordinateurs moins puissants

Mais il est vrai aussi que les formats comprimés donnent des heures supplémentaires de travail à votre ordinateur pour décompresser la vidéo et appliquer des éditions et des effets en temps réel. Pour ce faire, le recours à des formats comme ProRes et DNxHR vous permet de travailler sur des fichiers sans pousser votre système à ses limites.

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Ce qui s’avère particulièrement utile pour les ordinateurs les moins puissants. Les fichiers proxy sont une autre option. En effet, ce sont des copies de vos fichiers à plus faible résolution, juste utilisés pour la post-production pour être ensuite remplacés par la vidéo originale.

Quelques conseils pour une meilleure post-production

Photo : Avel Chuklanov – Unsplash

Au début du point précédent, on a mis l’accent sur l’importance d’une bonne organisation de votre matériel, celui avec lequel vous travaillerez sur l’édition et ce sera encore plus le cas si vous travaillez avec plus d’éditeurs ou de collaborateurs. Mais le plus important, dans une bonne organisation, c’est celle de la timeline ou ligne de temps, lors du montage, c’est là que le soin apporté devra être le plus grand.

Post-production : comment organiser la ligne de temps ?

La timeline fait référence au lieu du logiciel d’édition où vous organisez votre matériel pour qu’il se convertisse par la suite en vidéo. Ce qui serait l’équivalent de la toile du peintre ou du papier photo du photographe. Soit l’emplacement du matériel pour produire le résultat final des différents plans et compléments.

Photo : Wahid Khene – Unsplash

Un exemple de la manière dont il faudrait le faire dans une entrevue où l’on ne dispose pas trop de matériel, serait de disposer le plan principal de l’entrevue sur la piste 1, tandis que la seconde piste serait utilisée pour les plans d’un second appareil photo ou pour des plans-raccords et enfin, une troisième piste pour le graphisme. Quant à l’audio, il s’organiserait de la même manière : l’audio principal sur la première piste, les effets sur la deuxième et la musique de fond sur la troisième.

Un travail progressif

Ce type d’édition est la meilleure pour vous familiariser aux logiciels et à la post-production car c’est le plus simple. Et à partir de là, vous pouvez vous retrouver avec des montages de films ou bien simplement des courts-métrages qui, alliés aux différents plans-séquences et aux effets de ces derniers, atteignent facilement les 20 ou 30 pistes.

Photo : Jacob Miller – Unsplash

Lorsque vous approfondissez le son et les effets, il se peut que vous soyez confronté au même problème et le fait de rassembler toutes les timelines (image et son) peut donner un mélange un brin confus, alors mieux vaut y aller tranquillement et apprendre petit à petit les différents types de montages pour pouvoir faire face à un projet plus ambitieux le cas échéant.

Apprenez à utiliser la fenêtre de prévisualisation

Un autre conseil qui peut s’avérer très utile pour vous lancer et prendre de bonnes habitudes, consiste à utiliser la fenêtre de prévisualisation de votre logiciel et des repères d’entrée et de sortie pour faciliter l’extraction du clip en question de la timeline. Cela sert plus particulièrement à prévisualiser le clip, comme son nom l’indique, avant de le laisser, pour vous assurer que vous extrayez bien la partie qu’il vous faut et non pas l’intégralité de la séquence.

La fenêtre supérieure gauche de l’ordinateur que l’on voit sur cette photo serait la fenêtre de prévisualisation de ce logiciel. Photo : Marcus Löfvenberg – Unsplash

Par ailleurs, à chaque fois que vous compterez opérer des changements significatifs dans votre projet, mieux vaudra dupliquer celui-ci. De la même manière que vous le feriez pour une image fixe en utilisant un calque secondaire ou une copie avant toute modification, une séquence dupliquée pourrait bien vous sauver la mise si vous voyez que votre nouvelle idée explorée ne fonctionne pas.

N’oubliez pas les raccourcis du clavier en post-production

Pour un plus grand contrôle de votre logiciel et un travail beaucoup plus efficace, le mieux à faire est d’apprendre les raccourcis clavier qui correspondent au logiciel d’édition non linéaire utilisé puisque ces logiciels avancés comportent des caractéristiques avancées qui, une fois accessibles à l’aide des raccourcis directs, accélèreront sensiblement le processus d’édition.

Raccourcis clavier pour Premiere Pro sur Mac

Le dernier conseil de cette partie concerne le son et ses ondes comme élément essentiel pour profiter d’une synchronisation optimale. Certains logiciels et certaines versions plus avancées vous permettent de synchroniser automatiquement le son, qui sont parfaits pour un travail rapide, même s’il vous faudra un audio clair et propre sur les deux autres.

Clap

À l’inverse, lorsque vous le réaliserez manuellement, le mieux reste à observer son onde. Mieux vaut utiliser un clap ou produire un bruit strident (une tape dans les mains) avant de lancer l’action pour la scène, ainsi ce sera plus facile d’identifier la forme d’onde de l’audio de votre appareil et donc de la comparer avec l’audio de votre enregistreur de son en fonction du lieu où il ressortira.

Photo : Martin Lopez – Pexels

Registre des couleurs, profils d’image et LUT

Photo : Alexander Grey – Pexels

Si vous connaissez déjà le B.A.-BA de la post-production et que vous devez désormais vous frotter à la correction et à la graduation des couleurs, on peut maintenant passer au mode avancé. Les nouveaux appareils photo, de plus en plus orientés vidéo, sont équipés d‘enregistrements de couleur plats, qui assurent la proportion de deux stops de rang dynamique supplémentaires.

Comment est-ce que cela fonctionne ? Ou plutôt : qu’entend-on par la mise à plat dans l’enregistrement de couleurs ? Pensez à votre vidéo comme une image JPEG de 8 bits : comparée à son fichier non traité (RAW), elle possède des données limitées au moment où il commencera à en extraire les données.

Photos : Photo24

Courbe logarithmique

Pour ce faire, les fabricants d’appareils photo ont employé le preset pour leurs montures pour déplacer l’information vers une courbe logarithmique, ce qui crée ainsi une image au faible contraste qui dissipe les ombres, aussi elle peut mieux exposer les aspects les plus remarquables sans perdre d’information sur les ombres.

Vous travaillerez alors sur une image pauvre, plate et désaturée qui sera assez laide et éloignée du résultat idéal. Si vous utilisez un moniteur externe, vous pourrez l’intégrer dans un registre de paramètres de l’image ou LUT pour ajouter du contraste et de la saturation à la scène, et en faciliter la supervision.

Le LUT : qu’est-ce que c’est ?

Mais le LUT, qu’est-ce que c’est ? Grosso modo, on pourrait le définir comme une échelle de valeurs qui modifie les valeurs de votre fichier pour lui conférir un aspect déterminé, et qui permet de modifier les couleurs pour obtenir un résultat uniforme. À l’origine, il était employé pour harmoniser différents négatifs sur une même plage de couleurs, un même ton.

Dans la plupart des cas, un LUT est simplement employé pour rendre l’image plus ordinaire de manière à pouvoir rapidement prévisualiser la scène mais sans sacrifier les données supplémentaires fournies par le profil. On peut aussi parfois utiliser un LUT créatif pour donner une apparence qui se rapproche davantage de ce qu’on imagine de la scène finale.

Vidéo où l’on peut apprécier le changement d’image en ayant recours à un LUT

Quelques notions à connaître

Les LUT sont d’une grande utilité pour travailler sur des séquences d’enregistrement sans s’arracher les cheveux ou bien pour présenter rapidement l’apparence finale sans trop d’efforts. La seule chose à faire sera d’en savoir un peu plus sur la graduation des couleurs. Si vous venez de l’univers de la photographie, il y aura juste quelques concepts différents auxquels il vous faudra vous familiariser, comme les outils de nivellement, les formes d’onde et le correcteur de couleur à trois voies.

Photo : Chris Murray – Unsplash

Post-production vidéo : conclusion

Voilà, c’était le volet consacré à la post-production d’une vidéo. Je sais bien que ce post contient de nombreuses informations assez denses et techniques. Ce qui peut rendre sa compréhension un peu difficile si vous n’avez jamais fait de post-production. On ne peut bien évidemment pas passer en revue tous les aspects de cet univers-là dans un simple post. Mais si vous avez des questions, vous pouvez nous les laisser dans les commentaires ci-dessous, vous le savez. D’ici là, apprenez encore et toujours car le chemin est long pour bien maîtriser toutes les connaissances liées au domaine de la vidéo.

L’aide d’un professionnel

Vous connaissez un professionnel ou une personne qui possède des connaissances pointues en post-production ? Vous pourrez toujours lui demander de l’aide, le temps que ayez vous-même suffisamment acquis de savoir et de pratique en la matière. En effet, un éditeur portera certainement un nouveau regard sur des aspects qui donneront davantage de cohésion à votre projet vidéo. En éliminant les parties superflues que vous auriez peut-être conservées parce qu’elles vous convenaient ou parce que vous aviez investi beaucoup d’efforts dans leur réalisation, au profit d’une vision plus spaciale.

Si vous ne les avez pas encore découverts, on vous invite à vous reporter aux volets précédents de la série « De la photo à la vidéo ».

Premier volet : principes de base

Second volet : conseils pour la vidéo

Trosième volet : un audio professionnel

Photo principale : Jakob Owens – Unsplash